Jean d’Oran

Qui ?

Jean, d’Oran parce que né là, le 1er mai 1954

Une maman institutrice et un papa instituteur et metteur en scène de théâtre feront de moi un enfant curieux de sciences naturelles, bercé de poésie, de musique, de théâtre.


À huit ans et un jour, j’embarque sur le « Ville de Bordeaux » et débarque à Marseille.

Le « Ville de Bordeaux »

Lycée d’État de garçons - Albi / 1964-1965

Ce ne fut pas un déracinement ; on n’en a pas conscience, à huit ans. Rempoté dans un bon terreau à Albi, avec le Tarn, les hivers froids et l’huile qui fige sur le rebord de la fenêtre, le Rugby à 13 et le ballon qui rebondit bizarrement, le vélo (rouge) pour aller à l’école, la sixième au lycée, Nougaro qui passe à Radio-Toulouse, sa chanson, celle qui entre par une oreille, trouve l’autre fermée et ressort par la bouche, et l’immense chance d’avoir eu comme professeur de français et de latin en sixième Pierre Rieucau, qui a sans doute modelé ma perception littéraire et plus tard philosophique. C’est lui sur la photo de classe.


En septembre 1965 deuxième rempotage, à Nice cette fois, et au lycée (Masséna) de garçons. 

En septembre 70 le lycée accueille une classe de seconde mixte, section Arts. Il y a un foyer, avec un piano quart de queue Erard, et des filles, dont une fille en particulier. 

En septembre 70, mai 68 est déjà loin ; Woodstock c’était il y a un an ; les Beatles et Simon and Gartfunkel sont séparés, Pink Floyd va sortir Atom Heart Mother, Cat Stevens a sorti Mona bone Jakon, Michel Polnareff et Serge Lama sont en train d’exploser, Adamo, Barbara, Gilbert Bécaud, Georges Brassens, Jacques Brel, Georges Chelon, Juliette Gréco, Léo Ferré, Charles Trénet sont là, et bien là. Et Led Zeppelin chante Whole lotta love.


Pendant un cours de chimie en février 71 mon meilleur ami, mon frère (même si ni nos mères ni nos pères ne sont au courant que nous sommes frères), me dit qu’il est amoureux de cette fille – cette fille dont je suis moi-même tellement amoureux que je ne le leur avait dit ni à lui, ni à elle – Je lui affirme que c’est une blague, que l’amour n’existe pas, et que pour le lui prouver je vais écrire un poème d’amour à cette fille, bien sûr sans en être amoureux (menteur…), et je ponds dans la nuit un poème lamentable – Nous étions dans notre période Prévert, j’ai donc fait du sous-Prévert.


Et je découvre en même temps le sentiment amoureux, cette douce forme de souffrance qui fait sourire de penser à celle que l’on désire, le piano, les notes, les accords, l’harmonisation, et je commence à jouer les Beatles, Pink Floyd, Polnareff, et Bécaud. 

J’ai chanté ces chansons et failli mourir le jour où elle m’a demandé de lui jouer « le bal des Laze».

Nous sommes devenus d’excellents amis, elle et moi, enfin surtout elle, parce que moi je l’aimais éperdument et en silence. 

Et mon frère a pensé à d’autres filles.




Lycée Massena / 1968-1969

Et puis le baccalauréat. 


Mes parents m’offrent un piano (un Klein de 1905, avec une table d’harmonie un peu fendue ne supportant pas un accordage du la au-dessus de 435 Hz, ou comment faire de la musique baroque sans le savoir !). Avec l’argent de mon job d’été d’après-bac j’achète une guitare. Dans ces époques-là, l’été à Nice, c’était plein de jazzeux, et un grand type américain rencontré sur la plage m’apprend les arcanes du Mi – La – Si (ou du E-A-B) – à bien jouer le blues en fait. Yeah ! 

J’écris d’autres poèmes et en mets quelques-uns en musique.


Je pars en école de médecine elle va en école d’art… Et, enfin, deux ans plus tard, je lui écris une lettre dans laquelle je lui avoue son amour ; mais elle va se marier dans quelques semaines… J’ai eu d’autres amours, mais avec toujours dans un coin de la mémoire ses sourires, 


et j’ai continué à écrire des poèmes, et des chansons, que j’ai gardées pour moi. Je trouvais même certaines pas trop mauvaises, quand un soir à l’Oyster Pub, LE Piano-bar de Nice au début des années 70, j’ai poussé le pianiste, qui s’appelait Gérard Pontieux (le compositeur de « L’ile de Ré » et le papa de Loïc, le batteur), pour jouer une de mes chansons, “Menthalo’’. La chanson a tellement plu à Gérard qu'il l'a mise à son catalogue pour la chanter, et c'est ainsi que j’ai pu être enregistré à la SACEM. Alors j’ai commencé à y croire. 

Mais les radios ont diffusé Alain Souchon, Beau Dommage, Francis Cabrel, Marie-Paule Belle, Maxime Leforestier, Michel Jonaz, Mort Shuman, Yves Duteil, et bien d’autres.

Quelques disques aussi sont sortis : ‘‘666’’ puis ‘‘Earth’’ de Aphrodite Child et Vangelis (encore Papathanassiou), “Rien qu’une vie…” de Danyel Gérard, “Les mots bleus” de Christophe avec un parolier-producteur qui s’appelait Jean-Michel Jarre, “South” de Nino Ferrer ; et à l’écoute de chacun de ces disques une grande baffe… Alors je me suis dit que je serai sans doute moins mauvais médecin que mauvais chanteur-maudit et, si j’ai arrêté d’y croire, je n’ai pas arrêté de peaufiner les textes et les musiques, toujours. 

J’ai continué d’écrire, mais pour mon tiroir. 


A la même époque sont apparus les synthétiseurs, et j’ai pu acheter un MS 20 de Korg, puis un MS 50 ; pour bricoler, pour fermer et ouvrir des filtres et des portes, pour résonner, pour bidouiller.

Et puis plus rien.

En 1997 Gérard Ponthieu me recontacte pour reprendre mes chansons, et je fais une maquette.

Et puis plus rien.

En 2019, voyant l’âge de la retraite approcher, je me dis que ce serait bête que tout ce travail se perde. Je refais quelques maquettes au Studio Record-It, à Perpignan. Ceux qui l’entendent trouvent ça « pas trop mal ».


Et nous voilà ce soir.

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