Jean d’Oran

Musiques de création

La musique contemporaine….


Acousmatique : Se dit d'une situation d'écoute où, pour l'auditeur, la source sonore est invisible. La musique acousmatique se fait depuis 1948 (Pierre Schaeffer) avec des appareils électroacoustiques : micros, magnétophones, amplificateurs et de nos jours ordinateurs et synthétiseurs. L'écoute sans support visuel libère notre imagination. De même que « le regardeur fait le tableau », l'auditeur construit son histoire. J’ai ajouté à ces pièces sonores des images que j’espère suffisamment neutres pour ne pas distraire l'attention ; mais vous pouvez aussi fermer les yeux ! 


Les sons constituant la musique concrète sont créés, manipulés, associés avec attention. Ils ont une large plage de fréquences ; il est donc recommandé de les écouter sur des systèmes sonores de qualité, pour ne pas perdre les fréquences très graves et très aiguës qui donnent toutes leurs couleurs aux sons. 


Le volume va de très bas à fort. Ne dépassez pas 85 db en pic si vous écoutez avec un casque, pour ne pas léser irrémédiablement vos oreilles !

Encore en retard au Conservatoire

Durée : 5 mn 16 s – 2022

Les neuf milliards de noms de Dieu

Durée : 5mn 07 s – 2023

En musique concrète cela s'appelle de la musique anecdotique : on enregistre différentes situations, différentes ambiances, puis on fait un montage pour créer un paysage sonore. 

Ici c'est une ville du sud de la France un matin de mai, avec les martinets au-dessus des terrasses, la rue, les passants, et les classes très occupées d'un conservatoire de région.

Les peignes d'Eliane

Durée 7 mn 35 s – 2024

Les neuf milliards de noms de Dieu est une nouvelle d’Arthur Clarke écrite en 1954, une excellente année ; lorsque tous les noms de Dieu auront été dits, l’univers disparaîtra. – Cela avait commencé à Babel : Les rescapés du Déluge voulurent se donner un nom et atteindre le ciel pour se mettre à l’abri d’une nouvelle menace divine. Mais lorsque La Divinité, puissance souveraine invoquée, vit que la tour qu’ils construisaient progressait vite, elle suscita la discorde parmi eux en les faisant s’exprimer dans des langues toutes différentes, de sorte que ne pouvant plus se comprendre ils échouèrent. La puissance éternelle et souveraine est depuis invoquée sous des millions de noms divers, et, si l’on en croit la nouvelle Clarkienne, lorsque le dernier nom aura été psalmodié, la réalité disparaitra. 

Il s’agit donc de raconter la mise en place de l’univers, comme des verrous qui s'emboitent, raconter la plaine du pays de Shinar, nue, et y commencer la construction de la Tour. Les machines de taille et de levage seront de plus en plus rapides et fortes. La colère divine arrêtera tout, puis s’apaisera. Les hommes désormais ramperont sur le sol et pousseront les pierres. Les psalmodies débutent pour encore une fois enfler et se précipiter, jusqu’à psalmodier le nom Ultime, l’ineffable, qui met fin à l’histoire.

Éliane Radigue compose depuis plus de 70 ans ; elle a toujours aimé travailler la matière, le grain, les battements, par le feedback à ses débuts, avec un synthétiseur ARP 2500 et ses extraordinaires filtres résonnants de 1970 à 2001, et depuis 2002 avec des instruments acoustiques, une musique souvent construite avec de longues et très progressives évolutions de la matière sonore. Sur certaines des photos qui la représentent au travail, des peignes retiennent ses cheveux. 

Les peignes… Le filtrage en peigne est un problème de qualité de sonorité d’une salle, du fait pour certaines fréquences de disparaitre et pour d’autres d’être renforcées, altérant le rendu acoustique de l’auditorium. Mais ce filtrage en peigne peut être utilisé pour modifier le timbre d’un objet sonore. 

Cette pièce explore les trames et l’usage des filtres. C’est aussi un hommage, rapide, à l’œuvre d’Éliane Radigue. Hommage parce que j’ai tenté de m’imprégner de sa philosophie en écoutant son travail et les émissions de radio auxquelles elle a participé pour en faire une lointaine citation. Rapide parce que là où elle construit l’évolution spectrale d’un objet sonore qui va s’étendre sur plusieurs minutes, voire dizaines de minutes, j’ai réduit les durées évolutives à quelques dizaines de secondes. 

Il s’agit donc d’une trame, entrelacement progressif de plusieurs objets sonores caractérisés par leur grain, leur allure, leur puissance, qui vont globalement parcourir le spectre des fréquences, partant du grave pour arriver à l’aigu. Cette trame ascendante va subir des accidents, parfois des retours vers le bas du spectre, pour repartir vers le sommet, métaphore du chemin, plus important que le but. Ces entrelacs seront aussi l’occasion de l’installation de battements qui surviennent lorsque l’on juxtapose des hauteurs séparées par des intervalles d’un-demi à trois Hertz.

les sursauts gamma sont mieux perçus...

Durée 4 mn 44 s – 2024

Une expérience d'écriture de musique concrète explorant la survenue des silences : comment placer le silence dans un discours musical ? Le silence en musique découle de ce qui précède et finit de se construire dans ce qui suit ; son geste est dans la musique. Le problème est donc devenu : comment modeler la matière sonore qui précède et celle qui suit les silences pour qu’ils aient une matière, un allant, et soient toujours de la musique. Le titre et l’idée poétique parlent des rayonnements gamma, ceux détectés avec un compteur Geiger, évènements à fréquence faible entrecoupés de silences ; S’ils proviennent le plus souvent directement de notre étoile, les sursauts gamma sont, eux, des bouffées très énergétiques d’origine extra galactique. 

Je transpose cette idée d’ondes électromagnétiques dont la répartition temporelle est particulière en musique, avec des objets sonores évocateurs d’une machinerie parfois explosive, parfois mais rarement sereine, des rappels anecdotiques, et une unité relative d’objets sonores utilisés de plusieurs façons différentes au cours de la pièce. On percevra peut-être ces rayonnements gamma, qui sont les ondes électromagnétiques les plus énergétiques et les plus courtes, et aussi d’autres ondes électromagnétiques, plus longues, moins énergétiques.

Et nous, qu'assiège la soif

Durée 4 mn 17 s – 2023

« J’étais seigneur berbère et je rentrais chez moi. Je venais d'assister à la tonte des laines des mille brebis de mon patrimoine. Elles ne portent point là-bas ces clochettes qui, du versant de leurs collines vers les étoiles, répandent leur bénédiction. Elles imitent seulement le bruit d'une eau courante, et nous qu'assiège la soif, cette musique seule nous rassure… » 

Ce texte était le premier début de Citadelle, qu’Antoine de Saint Exupéry dictait à la volée le soir. Il l’avait lu à ses amis Drieu La Rochelle et Crémieux, qui se montrèrent « réservés »… Il a disparu avant de le mettre en forme. 

Et j’ai voulu raconter cela : " cette musique seule nous rassure. »

Le promontoire du songe.

 Durée 6 mn 55 s – 2023

L’astronome Arago avait un soir invité Victor Hugo à venir « regarder la lune » au moment de la lumière cendrée, la lune étant donc un fin croissant le soir. Quand Hugo a mis l’œil à l’oculaire, il a vu… « rien » ; « un trou dans l’obscur » : Arago avait réglé la lunette sur une montagne non encore éclairée, mais qui allait l’être sous peu. Quand ce Promontoire du Songe a soudain été illuminé par le soleil, Hugo a vu tout un monde se révéler, avec un foisonnement, une prolifération d’images, des fulgurances et des aberrations … Il a ensuite fait le parallèle entre cette lune algébrique, mathématico-astronomique, et sa Lune, poétique et chargée de symboles, entre cette révélation cosmique et celle de l’œuvre d’art lorsqu’on y est confronté pour la première fois. Il a alors écrit ce livre, « Le promontoire du Songe ». 

La pièce raconte cette aube lunaire, cette alternance entre ombre et lumière, celle entre la lune algébrique et la lune métaphorique, voire fantastique et fantasque, cette découverte initiatique, avec une trame sonore assez lente, régulière, discrètement pulsatile, faite d’éléments pseudo-aléatoires en un continuum « qui n’avance pas ». Elle est constituée d’objets sonores au début surtout dans le bas du spectre et, pour illustrer le passage au jour, amené par une trame dans le haut médium, des éléments répartis sur tout le spectre, avec plus d’énergie, pour finir dans le haut du spectre.

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